Je me souviens de ce prof de mathématique
La barbichette en pointe et le sourire sadique
“ Prenez une feuille, interro surprise ”
Le ton jouissif, le regard qui frise
Une nuit, je n’sais pas c’qui m’a pris
J’ai attrapé mon compas
Et je lui ai crevé les deux yeux
Quand on hait, on ne compte pas
Je me souviens de ce petit chef à l’usine
Le lèche-cul du patron qui te courbe l’échine
Pas de répit, il faut que tu trimes
De toi dépend, chaque mois, sa prime
Une nuit j’ai retrouvé sa femme
Dans un hôtel, soyons fous
Lorsqu’il faut abattre de l’ouvrage
Je n’ai pas peur d’en mettre un coup
Je me souviens des promesses de ce président
Du pain, des jeux pour tous, jamais plus de sans-dents
Hélicoptères, parachutes dorés
Château Petrus, foie gras, canapés
Une nuit, je l’ai vu devant moi
Il était nu, tout penaud
Je lui ai tapoté la caboche
Et lui ai broyé les pruneaux
C’est drôle même si c’est étrange
Comment, parfois, nos rêves nous vengent
Je me souviens de ma toute’ première amoureuse
Les yeux marrons-noisette, jolie blonde plantureuse
Trois petits tours et puis envolée
Plus d’avenir, plus de dulcinée
Cette nuit, elle est venue me voir
Mais j’ai dit non, désolé
Chez moi le train ne siffle qu’une fois
Bonne chance à toi et bons baisers
C’est drôle même si c’est étrange
Comment, parfois, nos rêves nous vengent
© 2025 Jean-Marc Lagniel
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