Il avait des acouphènes
Les oreilles un peu pâteuses
Il dit qu’à cela ne tienne
Je vais boire de l’eau gazeuse
Pour qu’un détournement
D’aération fatal
Fasse cesser ce tourment
Qui frise l’infernal
À force d’avaler des bulles
Arriva enfin l’extase
Libérant son ventricule
Il vit s’envoler Pégase
Ainsi va la vie
Y’a pas à faire d’histoires
Quand on a un souci
Faut un échappatoire
Grâce à ce fin stratagème
Sa vie était transformée
Il put s’offrir la cinquième
De Beethoven en liberté
Tous les pom-pom pom-pom
Ravissaient ses tympans
Lui jouait au métronome
En lâchant quelques vents
Et plus de bulles il buvait
Et plus son ouïe s’affinait
Les sifflements s’défilaient
C’est dingue mais il entendait
Pour rester aux aguets
Toutes les boissons y passaient
Si ce n’est Badoit c’est donc Perrier
Et puis champagne à volonté
Ainsi va la vie
Y’a pas à faire d’histoires
Quand on a un souci
Faut un échappatoire
Emporté par l’euphorie
De pouvoir communiquer
C’est en stéréophonie
Qu’il voulut se brancher
Il tomba sur une fille
Qui n’avait pas d’famille
Si on en fondait une
Lança-t-il à la brune
Toute heureuse d’avoir trouvé
Une oreille pour l’écouter
Elle lui confia haletante
Avec toi je suis partante
Ainsi va la vie
Y’a pas à faire d’histoires
Quand on a un souci
Faut un échappatoire
Deux mois après le mariage
Un matin elle lui sourit
En lui avouant sans ambages
Nous allons avoir un p’tit
Son ventre était tout rond
Lui se bombait, tout fier
Et bientôt le ballon
Devint une montgolfière
C’était le fruit d’ leur amour
Mais le jour de la naissance
On entendit le bruit sourd
D’une énorme flatulence
La voyant toute malheureuse
Il lui dit ne t’en fais pas
Faisons péter une roteuse
Dès demain on remet ça
Ainsi va la vie
Y’a pas à faire d’mystères
Quand on a un souci
Faut pas manquer d’air
Il n’avait plus d’acouphènes
Mais il rêvait d’un couffin
Il dit qu’à cela ne tienne
Notre amour est sans fin...
© 2012 Jean-Marc Lagniel
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