Au fin fond de son enfer, le diable s’ennuyait
Plus un carnage aucune guerre
Plus un virus ne l’amusait
Il lui fallait du sang neuf il lui fallait du frais
Il avait tant usité de sombres maléfices
Qu’il lui fallait trouver très vite
Un autre style tout en malice
Afin que plus fort le mal sur le monde sévisse
Ô vous mes conseillers
Pour que l’enfer soit en fusion
Quelle est la pire idée
Apportez-moi la solution
C’est Agaliarept qui dit en premier
Si on leur offrait le droit de voter
Pour qu’ils croient que ce sont eux qui décident
Nous on se chargera de faire le vide
On appe’llera ça la Démocratie
Fantaisie, balivernes
Là n’est pas ma gouverne
Il me faut plus féroce
De l’extrême, de l’atroce
Là Nebiros dit j’ai bien cogité
Votre Diablerie sera exaucée
Supprimons le mal et dès cet instant
Où l’homme’ pense au bien nos portes’ s’ouvrent en grand
On appe’llera ça l’idéalisme
Vieilles chaussures, routine
Banalité, esbrouffe
On patauge, on piétine
Je m’enlise j’étouffe
Puis vint Sargastans et sa théorie
Si je noie le mal dans le relatif
Plutôt que dix grands, mieux vaut un petit
Il n’y’a plus de mal, uniqu’ment des chiffres
On appe’llera ça le pragmatisme
Habile, mais trop poétique
Ça ne marchera jamais
Appelez Caron vite !
Et Caron apparaît
Les trois lieutenants du Diable montèrent’ dans sa barque
Transformés en trois beaux enfants
Qu’ils sont mignons dit le Diable
Qu’ils fassent’ le voyage à l’envers, que de mal ils vont faire
Au revoir mes p’tits bichons, à bientôt, rien ne presse
Et dans un rire sardonique
Il dit adieu au frêle esquif
Sa Diablerie a enfin retrouvé l’allégresse
© 2025 Jean-Marc Lagniel
D’après la pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt : L’école du Diable
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